03 mars 2020

27 février (bis) > textes produits lors de l'atelier d'écriture

Textes produits lors de l'atelier d'écriture :

* Anaïs :
La Cartoucherie, un écoquartier, un quartier dans le temps, en mouvement, qui bouge dans le temps. Ce n’est pas un lieu mais des lieux qui ont retenu mon attention.
Au départ des Halles de la Cartoucherie, cœur historique du quartier, c’est là que tout va commencer.
Au petit matin, va venir s’installer un petit café culturel éphémère au croisement de lieux habités sous diverses formes de temporalités : par les différents moments de la journée, les usagers, l’intergénérationnalité.
« On ne vit pas, on ne meurt pas, on n’aime pas dans le rectangle d’une feuille de papier. »
C’est au travers de différents ateliers basés sur la convivialité, suivant un parcours séquencé que l’on découvrira des espaces du quartier. Passer devant Abricoop, une nouvelle façon de concevoir et d’habiter, le groupe scolaire avec ses couleurs vives et variées où l’on perçoit de la gaieté, pour terminer sur un espace avec sa riche biodiversité : les jardins du Barry, une pause arborée où la détente et le sport sont privilégiés.
Se rassembler, autour d’ateliers pédagogiques et événements culturels où les habitants seront acteurs, créateurs dans un quartier où déambuler permettra de se rencontrer, d’échanger.
En fin de journée, c’est l’occasion de se retrouver, juxtaposer deux espaces et se servir de l’un d’eux comme support pour projeter un film afin de bien terminer tous ensemble la journée.

* Thomas :
Un espace autre ? une idée d’extériorité au-delà des limites des îlots ?  Quelles possibilités pour le quartier ? Je songe à la fracture que comporte le quartier dès lors que l’on aborde la question des seuils, des limites. Cloturé, défini, limité ; je pourrais citer bon nombre de synonymes pour évoquer l’intériorité. Justement, parlons-en ! N’est-il pas nécessaire pour le quartier un projet global, un projet qui rassemble, un lieu absolument différent qui fait vitrine du quartier ?
Entre vieux entrepôts délabrés et nouveaux bâtiments bien distingués, où trouver l’identité du quartier ?
« On ne vit pas, on ne meurt pas, on n’aime pas dans le rectangle d’une feuille de papier », c’est pourquoi je veux proposer pour mon projet une autre manière de se rencontrer, de jouer, de s’amuser. Est-il possible de faire aimer le quartier, de le fréquenter du Nord au Sud et d’Est en Ouest ? La réponse est oui.
Le projet, éparpillé, forme de petites entités que l’on pourrait observer dans la visée des axes principaux. Attraction visuelle d’abord par leur forme, ces petits modules se distingueraient du reste par la mise en couleur qu’ils proposeraient. À l’encontre de ce que l’on peut voir, les modules seraient libérés et prôneraient le symbole de liberté. Parcourus par les habitants du quartier, ils offriraient une mixité sociale dans la mesure où ils proposeraient plusieurs activités.
D’abord une cuisine, rien de plus convivial que de s’informer autour d’une table auprès des personnes âgées. Déployée à l’extérieur à la manière d’un serpent, sa forme inviterait à cuisiner les produits fraîchement récoltés d’un potager. Bien que cette idée ait déjà fonctionné en intériorité, pourquoi ne pas extérioriser ce dispositif… Sur le papier, cela semble bien engagé mais pour compléter, la volonté de créer un espace récréatif semble aussi partagée. À la manière d’un tohu bohu couvert/ouvert, les enfants ne seraient-il pas mieux lotis dans des structures leur étant adaptées ? Ne ressentons-nous pas dans les jeux pour enfants du McDonald’s le sentiment de vouloir s’insérer dans ces structures pour découvrir un imaginaire idyllique et atypique ? Bien que l’image, peu recherchée, soit pauvre dans sa forme, elle est riche dans son fond puisqu’elle propose un moment d’évasion, un autre espace, celui de l’amusement.
Enfin, je pourrai aussi évoquer une entité dédiée au sport. En quoi la promenade des sports du site est-elle un véritable lieu dédié à cette pratique ? Pour l’instant, rien ne laisse penser qu’elle est utilisée pour cela. La qualifier par une salle aux activités plurielles et variées l’améliorerait. 


* Choukri :
On est dans un quartier, qui est dominé par des grands bâtiments. Cela me rappelle les grands ensembles du Mirail, une grosse opération immobilière beaucoup trop ambitieuse.
En arrivant pour la première fois dans ce quartier, on voit déjà plusieurs problèmes : les bâtiments et les rues ont plus ou moins le même traitement, on a du mal se repérer dans l’espace puis on se perd.
Les rues sont désertiques, le quartier n’est pas habité. Normalement, ce quartier appartient aux habitants, ils devraient se l’approprier. Le problème est que ce quartier n’a pas été pensé de cette façon.
Déjà ce qui nous empêche de sortir, c’est cette idée d’îlot. On se dit que notre quartier se limite à notre îlot. Je suis totalement d’accord avec cela, car pour passer de l’espace privé au public, on doit franchir plusieurs barrières. La première sortir de la maison pour arriver au patio puis pour sortir de l’îlot, il faut passer le portillon, qui est sécurisé.
Le projet envisagé n'est pas un centre commercial ou un grand équipement isolé. On se limitera à prendre l’existant et le transformer pour lui donner vie ou une vie. En travaillant, ce qui est en relation avec l’extérieur, c’est-à-dire le rez-de-chaussée avec la rue. L’intention est de créer des équipements pour les habitants du quartier et ne pas se focaliser sur un îlot. Arriver à connecter les îlots et les rues avec ses espaces communautaires. De type, bibliothèque près de l’école, des bars, des boutiques, des supermarchés, une petite salle de gym pour être en forme, une cuisine, une salle polyvalente, un cinéma de quartier où les habitants partageront des films, etc. 


* Sophie :
Hétérotopie à la Cartoucherie

Depuis l’hétérotopique promenade des Sports, on peut se construire un espace imaginaire. Dans la tête d’une personne, l’espace de ce jardin se transforme en un volume rectiligne qui représente le spectre de l’usine grandiose qui se tenait sur le site. Bien que démoli, l’édifice continu d’exister à travers les restes d’une de ses extrémités et la forme de la promenade. L’histoire, même immatérielle, s’y accumule. Dans la tête d’une deuxième personne, le tapis végétal croît et s’élève pour former une voûte forestière protectrice. Dans les deux cas imaginés, la forme allongée du bâtiment-fantôme et de la forêt crée un axe linéaire qui incite au mouvement.

Dans le prolongement de la promenade, les deux fantaisies s’allient afin de produire le projet. Hétérotopie favorisant le passage physique ainsi que la reconnaissance du passage du temps, le projet propose un espace traversant une médiathèque pour lier la promenade des Sports à la place des Chartes des libertés communales. Ainsi, puisqu’
on ne vit pas, on ne meurt pas, on n’aime pas dans le rectangle d’une feuille de papier, l’espace de cette hétérotopie est varié et enchevêtré. La végétation de la promenade se développe pour s’enchevêtrer dans le passage. Quant aux ruines de l’usine, elles accueillent cette coulée verte et tend les bras à sa rencontre. L’espace historique et inerte se mêle à l’espace contemporain et vivant.  

* Inass :
Chère Carolina,

Comment vas-tu?

Tu sais, je viens de fêter mes 85 ans aujourd'hui. Le temps passe tellement vite… Il faut dire que j'ai vécu énormément de choses ; en passant par ma passion pour le voyage, toutes les cultures que j'ai découvert, les différentes façons de vivre, cuisiner, discuter, s'amuser... Notre monde est tellement grand. C'est mon rêve depuis que j'ai 20 ans ; je me souviens du jour où j'ai pris mon premier sac à dos bien chargé et je me suis envolée pour l'Amérique Latine, seule et curieuse, désireuse d'enrichir mon esprit et nourrie d'une énorme volonté de découvrir le monde. J'ai appris, découvert, contemplé, admiré tout ce qui m'entourait. Je me souviens de la fascination ressentie face à toutes ces choses différentes que la Terre nous offre, ces merveilleux paysages. Quand je pense à tout ce que l'humanité a parcouru, inventé, créer depuis son existence; en passant par la découverte de la science, les avancées technologiques, les coutumes et cultures… Mais au fond, les traditions d'un peuple sont toujours ancrées et il est réellement enrichissant de tomber sur ce petit village au milieu de l'Arizona, après des heures de marche sous le soleil brûlant, toquer à la porte d'une des cinq maisons et être réconfortée par la générosité et hospitalité de ces personnes recluses de la société, de l'ère industrielle, réfugiées dans cet espace hétérotopique. Certaines par choix, d'autres parce qu'elles sont tout simplement nées dans ces coutumes et qu'elles ne se conforment pas au standard de la société.
Je m'égare… Tu sais, Carolina, quand je repense à tout cela, je ne peux m'empêcher de me rappeler notre première rencontre et la promesse qu'on s'est tenues. C'est comme si c'était hier; je découvrais Cali, me laissais emporter par les couleurs et son exotiques ainsi que le charme de la Colombie. Entre deux pavés de rue, je t'ai rencontré et tu m'as fait découverts les marchés et la gastronomie. C'est ainsi qu'on s'est racontées beaucoup d'histoires sur tout ce qu'on a vécu et nos différentes cultures. Ce n'était pas la première fois que je partageais mes récits, mais en te parlant, j'ai aussi connu les tiens, que ce soit tes histoires de vie, tes expériences personnelles ou encore tes traditions et coutumes. Je voyais dans tes yeux un réel intérêt pour ce que je te racontais, de même que je savourais tes dires avec une nourrissante curiosité. C'est ainsi qu'on est parties toutes les deux, munies de nos sacs à dos, en Amazonie. On a rencontré des indigènes, tu as découvert des choses que tu ne connaissais pas sur tes origines, tes racines. On a longtemps vécu avec eux et on avait pour habitude de se réunir tous les soirs autour d'un feu et parler, parler, encore et encore. Puis on s'est quittées, se faisant cette promesses de toujours se raconter des histoires.

Ce 27 février, jour de mon anniversaire, je dois t'avouer que je me fais un peu vieille. Je ne voyage plus comme avant, ma santé ne me le permets malheureusement pas. Mais je peux fièrement affirmer que j'ai vécu une vie incroyable, riche en histoire et connaissances. Le monde est grand, énorme, et je lance le pari de tout découvrir le temps d'une vie.
Je me suis installée maintenant à La Cartoucherie ; c'est un écoquartier à Toulouse qui m'a attirée car il fait bon d'y vivre. Les habitants sont chaleureux, il y a un esprit de solidarité entre tous, et le quartier est intergénérationnel. Dans mon îlot, qui est participatif, je demande souvent aux jeunes de m'aider à utiliser internet - je t'avoue que je ne comprend pas grand-chose à tout ça! Ils me donnent aussi des conseils pour mieux comprendre certaines choses qui me sont inconnues… Je t'ai dit, je me fais un peu vieille tu sais! Mais le plus beau, c'est de voir des étoiles dans leurs yeux (et je t'assure, je n'exagère pas !) quand je leur raconte mes histoires.

A mon avis, c'est ce qui nous manque à La Cartoucherie. Un lieu unique et utile, où l'on peut bénéficier de ce partage intergénérationnel; mêler les usages, cultures, expériences et dialogues. Lutter contre l'isolement social et favoriser le contact. Car je suis sûre et convaincue qu'au sein d'un quartier, chacun à énormément de choses à raconter et partager. C'est ainsi qu'on peut transmettre des capacités, des choses qu'on apprend au cours d'une vie et d'expériences. Je vois ce lieu, "histoires d'un quartier", comme un endroit convivial qui devient cœur de La Cartoucherie et réunit les îlots. Véritable lieu de rassemblement, doté d'une terrasse permettant de siroter un café tout en discutant, son but est de faire renaître un lieu social entre nous, les vieux, et les plus jeunes car au final on a tant de choses à apporter… Pour ne pas oublier, malgré l'ère du temps où les réseaux sociaux prennent de plus en plus de place, que le dialogue est primordial et nécessaire entre les hommes.
Il me tarde que tu me rendes visite, Carolina ! On allumera des feux de bois au centre de la promenade des sports et on leur racontera de belles histoires.
Pour finir cette lettre, j'ai appris la chose la plus importante pour moi : on ne vit pas, on ne meurs pas, on n'aime pas dans le rectangle d'une feuille de papier ; le monde est vaste et grand. Je veux tout raconter et partager dans Histoires d'un quartier.

Bien à toi,
Ines

* Roxane :
Mon projet hétérotopique n’est pas situé de manière anodine. Il est au centre de ce nouveau petit monde qui, à l’instant, est en train de sortir de terre. Il est là de manière à attraper les habitants dans leur trajectoire quotidienne. Ce nouveau QG de la vieillesse se trouve bien aux côtés des halles, l’ultime senior qui veille sur ces lieux qui viennent juste de voir le jour. On ne vit pas, on ne meurt pas, on n’aime pas dans le rectangle d’une feuille de papier. À cette image, le quartier de la Cartoucherie est un canevas blanc. Les habitants, la vie, l’histoire, les expériences, les bruits, les rires et les échanges sont les couleurs et les textures qui forment une œuvre riche et intéressante. Mon projet se voit être un outil à produire, répandre et mélanger toutes ces teintes et couleurs.

* Cyrielle :
La Cartoucherie, quartier où l’on doit se projeter, quartier qui mélange une partie construite finie et une partie en travaux à différents stades. Le quartier est marqué par une histoire dont il reste peu de traces, seules restent une petite et une grande halles liées dans leur orthogonalité par une place. La petite halle me semble être l’endroit idéal pour concevoir un espace hybride qui accueille plusieurs fonctions toutes autour de la nourriture. Architecture reconnaissable dans sa morphologie, beaux volumes, divisés en trois parties. Construction poteaux/poutres en béton armé, les treillis magnifient la toiture qui nous rappelle l’industrie. 

Il y aurait un espace de restauration - bar associatif, avec un espace extérieur couvert, lieu de rencontre protégeant les usagers des intempéries ou du soleil en été et permettant de s’assoir un moment. De plus, la création de cet espace permettrait de lier le quartier scindé en deux en offrant une percée depuis la promenade des sports vers la future place dans la partie en construction. Ce lieu se voudrait convivial, permettant aux usagers de jouer aux cartes, de lire, de partager des moments avec des habitants de leur quartier. 

Une partie serait transformée en serre dans la continuité des jardins partagés où les enfants de l’école pourraient avoir un emplacement et où les habitants voulant s’investir auraient leur parcelle. Cela permet des échanges de connaissances, d’essences et une mixité d’âge. 

Enfin un marché de producteurs locaux pourraient s’installer quotidiennement de la même manière que dans le quartier de St Cyprien qui amènent beaucoup de passage et de vie. Il est alors possible d’être spectateur comme acteur dans le marché. « On ne vit pas, on ne meurt pas, on n’aime pas dans le rectangle d’une feuille de papier. » Rien n’est imposé, tout est proposé.

 * Marina :
Les murs ne s'écaillent pas
Les murs ne se touchent pas
Les rues ne sont pas peintes
On ne marche pas sur l'herbe
Les mains ne se salissent pas


90º entre le mur et le sol. 
90º.
L'herbe mange les briques 
même si vous voulez retenir le temps.
Les murs sont pour une chose
mais nous l'utilisons pour un autre.
Les murs se ferment
Mais les gens escaladent
Les toits couvrent
Mais les gens sautent
L'herbe se sépare 
mais les enfants jouent 


Là où les usines deviennent obsolètes
et se rendre de l'autre côté du mur 
et tissent plus de misère, 
les enfants plantent des tomates.


Même si les architectes ne le souhaitent pas,
on peint les façades
On arrache l'herbe
On crie sur les places
On joue là où nous ne devons pas jouer.


Nous faisons de la ville ce qu'il est : un chaos. 


90° d'abandon
ou piste de danse
ou l'école de cirque
90° de déchets
ou bateau pirate
ou de la forêt tropicale
90° de briques usées
ou un feuille vidée
ou lieu secret. 


On ne lutte pas pour des endroits qui ne sont pas les nôtres.


On ne vit pas 
On ne meurt pas 
On ne aime pas dans le rectangle d'un feuille de papier.

* Yédidia :

Un foglio bianco, uno spazio d’abbondanza
spazio in cui si vive e si danza.

Seduta sul bordo della corsa sportiva
osservo curiosa,
una nuova famiglia entrare fiduciosa.

La madre, la nonna e la nipotina
l’ultima sicuramente una futura ballerina.

Seduta mi chiedo ancora
ma perché allora
una corsa cosi grande,
sia sommersa da un silezio di domande.

Prendo coraggio ed in fine entro
nella “grande halle” in pieno centro.

Li sento risvegliarsi
i miei cinque sensi abituarsi
alle numerevoli stanze cammuffarsi.

Un’esperienza con il corpo e lo spirito
una nuova connessione inserito
in un nouvo spazio conferito.

Si,
perché non si vive
non si muore,
non si ama,
nel rettangolo di un foglio bianco
--------------
Une feuille blanche, espace intense
dont on y vit et dont on y danse.

Assis au bord de la balade des sports,
j'observe avec curiosité
une nouvelle famille il fait entrer.

La mère, la mamie et la petite
elles comme moi le quartier n’y habite.

Enfin assise je me demande
pourquoi une promenade si grande
étouffe dans un silence de sarabande.

Je prends courage et je rentre
dans le hall en plein centre.


Je les sens ses réveiller
mes cinq sens émerveillés,
par les nombreuses sales dépareillées.

Une expérience avec le corps et l’esprit
une nouvelle connexion inscrit
dans un nouveau espace épris.

Oui,
car on ne vit pas,
on ne meurt pas,
on n'aime pas,
dans le rectangle d'une feuille de papier. 


 

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