05 février 2019

Séance 1 / 31 janvier 2019 > premier rendez-vous de l'atelier + exploration du quartier

Partir, en petits groupes, en exploration sensible du quartier :

Par Océance et Mostefa-Rached
Pour la première visite du quartier de Cépière-Beauregard, nous avons commencé notre exploration en jour de semaine en fin de matinée. Nous avons pris le bus 14 pour rejoindre hippodrome de la Cépière. Le début de la balade s’est fait sur un chemin à côté de l’autoroute, il y avait beaucoup de bruit de circulations. Petit à petit, nous nous sommes retrouvés dans sur chemins complètement éloignés du monde extérieur, aucun bruit, presque aucune présence. Passant entre des commerces et quelques hôtels, les voitures prenaient une grande partie des trottoirs pour se stationner devant l’hôtel Alezan.
Nous avons traversé l’Avenue de Lardenne, pour accéder au quartier d’habitation. La vie y semble paisible, les rues sont étroites avec des voitures stationnées au long, les trottoirs sont parfois non- goudronnés. Les maisons possèdent toutes un petit jardin, chacune avait une apparence particulière selon l’envie d’aménagement de chaque habitant. La végétation était bien présente, que ce soit de l’herbe, ou des arbres (platanes), ils y sont sur les trottoirs, les rond-points. Ces derniers n’ont pas d’activité spécifique et sont donc des “non-lieux”.
La voie du Toec marquait bien sa présence dans le quartier, comme une coupure entre les maisons d’habitations. Le chemin est suffisamment grand, les voitures plus présentes, le bus passait par ce chemin aussi. Suite à cette transition, nous sommes monté par les escaliers pour accéder à l’autre partie du quartier, en prenant la Rue Marcel Cerdan qui était sur-élevée. Nous avons ressenti cette “barrière” quand des panneaux d’interdiction ou de méfiance commençait à apparaître. Dans la zone de la “Cépière bas”, des travaux surgissent, beaucoup de maisons sont abandonnées ou évacuées. La présence humaine était moins perçues, il n’y avait pas de chantier comme l’autre partie. Les maison étaient fermées: leurs ouvertures étaient remplies de parpaings. Au bout d’un moment nous avons remarqué que la plupart des maisons étaient clôturées de grillages, donc non opaque, peut- être pour “délimiter sa parcelle” car ceci n’empêche pas les regards des passants.
Cela nous a interpelé : pourquoi ces maisons sont abandonnées / évacuées ? Depuis quand ? Que vont-elles vont devenir dans le futur ? Pourquoi dans ce quartier en particulier ? Nous avons aperçu plusieurs affaires abandonnées par terre dans les jardins des maisons, des affaires personnelles, des meubles,... la vie a abandonné ce quartier. "On dirait un film d’horreur Américain”, avait dit Mostefa.
Certains jardins étaient à moitié fermés, d’autres étaient délimités par des blocs de bétons parfois de couleurs vives, peut-être pour empêcher les voitures de stationner ? Toujours personne, sauf quelques voitures, dans cet après-midi pluvieux. Nous avons réalisé que c’etait à cause d’un projet d’habitat qu’il y avait si peu de présence humaine, à part des petits chantiers.
Ce que nous avons ressenti pour la première visite du quartier de Cépière-Beauregard, c’est l’enfermement sur l’extérieur et de l’intimité. Nous sommes souvent passés en bus à côté mais n’avons jamais découvert ce qu’il s’y passait réellement. Malgré le passage de la voie TOEC avec le bus, celui ci semble séparer les deux quartiers. Les ouvertures des maisons, fermées avec des parpaings, comme si on empêchait quelques choses d’y rentrer, comme si on avait peur. Nous nous sommes posé pleins de questions et nous avons eu l’impression que le quartiers cache des secrets.
Les travaux répartis au long du parcours nous ont rassurés, la vie n’a pas complètement abandonné le quartier, elle reste encore présente et le sera encore plus une fois les chantiers seront terminés. Cependant, que pourrait-on faire pour casser ces limites, et animer ce quartier ?



Par Ginette et Aline
Lors de notre visite du site de la Cépière à Toulouse, ce que nous avons principale- ment remarqué c’est qu’il s’agit d’un quartier principalement résidentiel avec ses petits immeubles d’habitation et ses pavillons, organisés sur ruelles ou autour de cour. Malgré la présence de 2 lieux remarquables sur et à proximité du site, respectivement L’Hippodrome de la Cépière et le Zénith de Toulouse, ces deux éléments urbains forts ne semblent pas régir ni dialoguer avec le reste du quartier.
Nous avons aussi remarqué des petites rues très intimistes, avec une atmosphère très proche du village, pleines de potentiel mais dont l’aménagement resté très succinct et froid. D’ailleurs, c’est une remarque qui s’ étend à l’ensemble du quartier résidentiel qui manque vraiment d’aménagement public...



Par Chloé, Klaus et Naïm
Jeudi 31 janvier 2019, 13h30. Pluie.
Ciel gris, pluie fine mais continue, en ce 31 janvier, à Toulouse, il fait froid. Nous voilà donc partis pour quelques heures de déambulation dans le quartier “non délimité” de ​La Cépière - Beauregard​. Nous gardons à l’esprit que nous recherchons les frontières de ce quartier, ses limites perçues, vécues.
Première exploration du site, premier lieu de rendez-vous, nous nous retrouvons au rond-point de la Cépière. A première vue, l’hippodrome domine les lieux. Rapidement les autres sens se mettent en éveil, un autre protagoniste s’impose : la voiture. Un chemin plus calme s’offre à nous, nous l’empruntons.
Enserrés entre ce qui semble être des bureaux ultra sécurisés, situés à un niveau plus élevé que nous, et une végétation peu dense, notre champ de vision est raccourci. Nous entre apercevons les écuries de l’hippodrome. Boue, boxes déserts, bois abîmé par le temps, seul l’odeur du fumier confirme la présence des chevaux. La sensation furtive d’être quelque part à la campagne, souvenir de balades dans les chemins normands...le doux son du périphérique nous ramène à la réalité. Invisible mais pourtant bien présent, il s’impose dans notre paysage sonore. L’ignorer est impossible, longeons le.
Des arbres plantés le bordent comme s’il s’agissait d’un fleuve. Une différence : un grillage entre nous et ce vert artificiel. A quoi servent elles ? Quelqu’un pourrait être tenté par un pique-nique en bord de périph’ ?
Nous rejoignons un nœud de circulation où se superposent la rocade et son pont reliant Lardenne au reste de la ville. Naïm s’exclame “La porte principale !”. Se pose alors la question des liens. Quels sont les liens à faire ? entre quoi ? quelles choses ? Comment ? Doit-on créer des portes ?

En même temps que nous prenons de la hauteur sur le torrent mécanique, des traces d’un passé détruit persistent. Terrain vidé, les restes d’une histoire s’agglutinent à ses abords : mixeurs, reste de réfrigérateurs, tissus, dossier d’une chaise. La destruction avant la création, ainsi se traduisent les “renouvellements urbains”.
Après ce vécu effacé, une histoire persiste, celle de l'apparition du quartier. Un point culminant sur lequel a été conservé une ancienne bâtisse. Seules elle et l’horizon dégagé dont elle profite indiquent qu’ici est né Beauregard. Autrefois campagne, aujourd’hui rocade.
Au bout du chemin quatre silhouettes hautes se profilent. Maintenant ce sont elles qui dominent Beauregard. Nous nous rendons aux pieds de ces dames béton.
Ce qui semble être une place commune apparaît alors au centre des bâtiments. Est elle investie par les habitants lorsque le temps s’y prête ? Sachant que seuls des lampadaires y trônent, aucune végétation, aucun arbre, cela est il possible en été ?

Nous constatons plus loin que ce non-investissement du commun doit être lié à cette place elle même ; en effet les habitants ont un jardin partagé bien approprié : épouvantail, composte...Tient, nous voilà de nouveau sortis de nos pensées. La reine périph’ ? oui, mais cette fois l’avion et le train la rejoignent. Au centre de ces logements, une symphonie de nuisance règne.




Nous changeons de voie de repère et longeons la voie ferrée jusqu’à la gare du Toec. Finalement nous voulons entrer dans le quartier que nous n’avons jusqu’alors que bordés. Une place nous apparaît. Cachée par des habitations, nous arrivons dans ce qui semble être le cœur intime de ce quartier. “La place des rochers” c’est ainsi que nous l’appelons spontanément. Elle nous offre un curieux théâtre. Elle semble à la fois appropriée par les habitants, car décorée par eux, et en même temps désinvestie voir abandonnée par la ville. S’y côtoient à la fois des maisons bien entretenues, d’autres barricadées de parpaing aux fenêtres et aux portes. La sensation qu’un destin funeste se profile pour ce quartier nous envahit. Aujourd’hui vivant, demain détruit ?
Rejoignant l’avenue de Lardenne, nous rencontrons une habitante du quartier. Pour elle, nous sommes quartier La Cépière. Elle vit Cépière-Haut (côté place des rochers), et plus bas il y a Cépière-Bas. Son quartier elle l’aime, s’y sent bien. “Moi je n’ai aucun problème avec mes voisins. Certains sont gitans, d’autres viennent d’ailleurs mais tout ce passe bien. Ce mélange me plaît. Des fois ils font la fête, ça anime le quartier et c’est agréable.” Cette habitante nous confirme qu’une opération de renouvellement urbain est en cours sur la zone. Ici, y aurait il des liens à créer ou à préserver ?
Curieux nous nous rendons à Cépière-Bas. Là nous dépassons l’étape “destruction” pour entrer dans la phase de reconstruction. Des maisons voient le jour, elles sont identiques. Après les immeubles d’habitations standardisés, la maison standard. Renouvellement ? vraiment ?
Retour avenue de Lardenne, elle nous guide jusqu’à un square. Nous abordons de nouveau une habitante. “Ah ça c’est une bonne question...dans quel quartier j’habite ? eh bien je ne sais pas. Je ne saurais pas lui donner de nom.” Nous entrons donc dans un quartier, pour l’instant sans nom. La rocade n’est plus là, nous nous éloignons peu à peu de la voie de chemin de fer. Seul l’avion se fait toujours une place. Nous ne savons pas où nous sommes, mais une chose est sûre, nous avons franchis la frontière du quartier “Cépière-Beauregard”.
Nous continuons tout de même notre exploration pour nous rendre jusqu’au parc du Barry. Plus de doutes possible, ce quartier n’est pas celui que nous cherchons à découvrir. La ville ici s’impose, nous avons changé d’échelle. Les rues sont plus larges, les immeubles plus hauts, tout est plus grand. Le zénith, un lycée hôtelier, un grand parc, le stade du TOEC...
Tout est clair. Nous sommes quartier du Zénith, quartier du TOEC, ici les équipements publics ont pris le pas sur les habitations.
Le quartier Cépière-Beauregard, nous l’avons longé, traversé, il change de visage mais les traces de sa naissance persistent, les habitants ont encore une voix, l’espace public est, pour l’instant encore dans leurs mains. Son paysage sonore est bruyant mais caractéristique. Il est délaissé par les pouvoirs publics mais investit et vécu par ses habitants. Cépière-Beauregard, aujourd’hui petit, demain plus grand ?

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