23 février 2018

Séance 4 / 15 février / Rendez-vous avec le Phun

Par Rosemarie.
Pour cette séance, nous nous sommes retrouvés à l’Usine, quartier général du Phun. 
Nous nous somme tous assis à une table autour d’un café et d’un cake au citron et nous avons commencé à échanger. 
Autour de la table
Les étudiants se sont présentés, puis ils ont exposé leurs intentions concernant leurs projets personnels, leurs visions et impressions multiples du site de la Cartoucherie. Enfin Phéraille les a invités à développer leurs motivations en tant que futurs architectes, puis il exprimé que pour lui l’architecture se devait d’être économique, écologique et vecteur de « bien vivre ensemble». 
Après ces petits tours de présentations, nous permettant d’avoir une première impression sur chacun, nous sommes allés déjeuner à la cantine, tous réunis en une seule tablée avec nos gamèles pleines d’aliments divers et variés.
L’après-midi, le Phun nous a fait visiter son atelier ainsi que la plupart des locaux (ateliers, costumerie, bureaux…) de l’Usine. 
Dans l'atelier du Phun
Frédo explique présente une des machines
Élise nous fait découvrir la costumerie
Suite à cela ils nous ont présenté leur travail en s’attardant particulièrement sur « la Vengeance des Semis », « les Pheuillus » et « Palissades ». 
Un fois que nous avions une idée plus claire des univers de chacun, nous pouvions commencer à réfléchir ensemble au projet commun qui se déroulera in situ sur une journée et demie. Nous avons chacun développé ce qui nous touchait au sein du site, Phéraille nous a notamment expliqué qu’il avait été surpris par la forte présence de panneaux d’affichages, d’autres ont exprimé les interrogations que soulevaient les ébauches d’espace publics existants… Plusieurs pistes ont été développées, plusieurs questions se sont posées, certaines réponses ont été trouvées. 

Premièrement, voici les questions principales : 
  • Qu’a-t-on envie d’interroger ? « pour quoi faire ? » 
  • L’installation sera t-elle implantée à un emplacement unique ou le long d’un parcours ? Sera-t-elle fixe ou mobile ? 
  • Quel lieu choisir ? En réfléchissant à la fréquentation, à l’impact sur le quotidien des gens… 
Deuxièmement, voici quelque thèmes « à questionner » qui sont ressortis : 
  • la présence des bornes de gestion des déchets dans l’espace public 
  • le « vie du lieu », la convivialité 
  • la végétation entourée de petites barrières 
  • le rapport du nouveau quartier à l’histoire de la Cartoucherie, au fait que ce lieu servait anciennement à fabriquer des armes, à la pollution qui en résulte encore
Enfin, quelques idées ont commencé à émerger :
  • faire un grand pique-nique
  • imaginer une intervention en s’inspirant de « retour vers le futur »
  • multiplier les affichages pour questionner le lieu
C’est ainsi que nous avons quitté le Phun avec plein de possibles en tête. 

19 février 2018

Séance 3 / 9 février / suite : des fictions pour des programmes

Chaque étudiant.e avait pour consigne d'écrire, en une heure, un texte sensible pour expliciter son programme d'un point de vue qualitatif. La forme du texte était libre.
Ces textes ont aussi été lu lors de notre rencontre avec le Phun, lors de la séance 4.
Présentation des planches et lecture des textes, à l'équipe du Phun

De la cartouche à la carotte (Krystel)

Nous sommes un samedi matin de juillet, le soleil surchauffe dans mon logement au centre-ville de Toulouse. Je quitte alors en tram pour aller rejoindre ma cousine et ses enfants dans le nouveau quartier de la Cartoucherie. J’ai beaucoup entendu parler de ce quartier de grande envergure dit écolo. Nous avons prévu passer la journée à l’extérieur et profiter du soleil.

Arrivée chez ma cousine, Elizabeth me propose aussitôt de profiter de l’espace vert qu’elle dispose avec ces voisins au cœur de l’îlot où qu’elle habite. Les enfants me proposent d’aller arroser les plantes en bas. Ils m’expliquent qu’ils font pousser quelques légumes et qu’ils les utilisent pour faire la cuisine avec leur maman. En arrivant au niveau du sol, j’aperçois une structure originale et invitante remplie de verdure. Tout en travaillant dans cette serre avec les enfants je croise la voisine de Elizabeth qui vient elle aussi arroser ses récoltes. Josée m’explique alors que le nom du quartier vient du fait qu’anciennement le site était occupé par une grande cartoucherie. Par la suite, il a été occupé par GIAT puis par les bus de Tisséo. Elle me raconte qu’initialement le projet du quartier était prévu pour 2014-2015. Les retards ont été nombreux et notamment causés par la dépollution chimique et pyrotechnique de certains sites industriels du quartier. Les diverses tentatives de dépollutions ont retardé le projet si loin que la première pierre n’a été posée que le 26 septembre 2014. Encore aujourd’hui, certaines zones du site restent polluées puisque le quartier a été construit sur des résidus de munitions, dont le plomb, le mercure et l’arsenic.

C’est alors qu’un autre voisin d'Elizabeth se joint à la conversation. Il revient d’une balade dans le quartier passant près de la serre où nous nous trouvons. Jacques aborde le fait que la dépollution n’existe pas et qu’aujourd’hui, on gratte un peu la terre, on met une nappe géotextile et on remet 30 à 50 cm de terre propre par-dessus. Selon lui, la pollution reste. Il explique que dans certains écoquartiers, l’Agence régionale de santé (ARS) interdit aux habitants de planter des fruits des légumes consommables dans leurs jardins.

C’est alors que je fis le lien avec la serre et les jardins verticaux où je me trouve actuellement. Durant cet après-midi je ressens la chaleur du soleil, mais aussi la fraîcheur qu’apporte la végétation dans cet îlot. La fin de la journée approche, je quitte alors ma cousine et ses enfants pour retourner à Toulouse.

Sur le chemin du retour, je me questionne sur ce quartier. Est-il vraiment écologique puisqu’il est construit sur des poubelles industrielles ? C'est un paradoxe qui a de quoi m’étonner. Heureusement, l’implantation de serre et de jardins verticaux partagés sert à pallier ce risque de terre insalubre. Si Josée ne m’avait pas expliqué tout ça, j’aurais simplement pensé que c’était une façon originale de faire de l’agriculture tout en passant du temps avec ses voisins.
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Article de la Dépêche du Midi, août 2040 (Thibaud)

À l’occasion du vingtième anniversaire de l’inauguration du complexe sportif du quartier de la Cartoucherie à Toulouse, Julien Majorel, aujourd’hui triple champion de NBA avec les Golden States Warriors de San Francisco revient sur ses premiers paniers au pied de son immeuble.

« Je m’en souviens comme si c’était hier ! On était impatient que les travaux se terminent pour pouvoir jouer avec les potes ! Au début, on a tout essayé se rappelle-t-il, ping-pong, volley, escalade, football, tennis, basket, skateboard… On a même fait plusieurs tentatives à la pétanque mais c’était plutôt pour les vieux, dit-il en souriant. Nos parents ne voulaient pas qu’on reste enfermé à la maison devant la télé, alors on prenait un ballon et on allait jouer tous ensemble après l’école, le week-end et surtout pendant les vacances !

Plus tard on jouait plus forcément parce qu’on avait passé l’âge, on discutait de tout et de rien, chacun avait pris un chemin différent mais nos parents eux étaient restés là, alors on se rassemblaient chaque année pour les fêtes de Noël, on en a bu des verres au bar des Halles...

Ce complexe a permis à de nombreux jeunes de s’épanouir ! Et ce qui est extraordinaire dans cette histoire, c’est que le projet est à l’initiative des habitants, c’est eux qui ont bataillé pour l’obtenir ! Et par la suite, lorsqu’on s’est rendu compte qu’il fallait l’améliorer, y rajouter un point d’eau et de l’éclairage pour le soir, se sont eux. Et l’idée de le repeindre entièrement avec l’aide d’un collectif d’artiste pour l’anniversaire cette semaine, c’est encore eux aussi ! Il donne vie au quartier depuis toutes ces années et du coup tout le monde en prend soin !

C’est grâce à eux si j’en suis là, ils sont nombreux à m’avoir soutenu dès le début, lors de mes sessions de shoot nocturnes lorsque j’ai voulu intégrer le pôle France ou encore ma préparation physique avant de partir aux États-Unis. Ils sont tous très fiers de moi, mais je le suis encore plus d’eux !


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Deux « voisins » à réconcilier (Adrien)


Arrivée à la Cartoucherie. Comme la dernière fois, j’essaye d’arpenter l’espace librement et sans à priori. Histoire de voir où cela me mène. Je l’avoue, je préfère jouer à l’explorateur plutôt qu’au cartographe.
Et comme la dernière fois, je ne peux pas m’empêcher de focaliser sur les espaces en chantier et les friches actuellement laissées dans l’attente.
J’ai une relation assez particulière au chantier puisque j’ai travaillé dans un d’entre eux en tant que conducteur de travaux. Entre nous, ce n’est pas la phase que je préfère dans un projet.
Mais alors, pourquoi est-ce que celui-là m’attire tant ? J’ai du mal à comprendre.
Je me réalise qu’ici, plus qu’ailleurs encore, il y a une cohabitation très forte entre l’existant, le « en-cours », et le « à-venir ». Cette cohabitation se cristallise autour des interfaces entre le quartier neuf et le chantier.
La présence de tels espaces vient « gêner » l’existant, qui à son tour aimerait se débarrasser de ces zones parasites, mais néanmoins nécessaires dans la constitution du quartier futur.
D’un côté de la frontière, une entité recherche le calme, la propreté, une notion particulière de la « sécurité » et essaye de se constituer une vie, des échanges.
De l’autre, ça cogne, ça crie, ça fait de la poussière. Personne de doit rentrer et ce n’est pas forcément très joli. On se cache d’ailleurs derrière des barrières ou au contraire tout est laissé tel quel en spectacle.
En tout cas, la frontière entre les deux est forte. Mais est-elle irréconciliable ? Je ne pense pas.
Dans mon objectif de rabibocher le chantier avec l’existant mais aussi un peu avec moi-même, quelques questions se sont imposées à mon esprit :
Comment créer une interface « satisfaisante » entre travaux et existant ?
Comment préfigurer l’à venir, assurer une transition et générer une relation qualitative dans ce quartier en travaux ?
Après les questions arrive un début de réponse. Quelque part dans le parc, sous la forme précaire d’Algecos entassés ci et là, la présence de l’école maternelle sur le site de la Cartoucherie est déjà effective. Le temps de la construction de la « vraie » école, il y a déjà la volonté de « préfigurer » l’avenir. Ainsi, la vie s’organise autour du chantier, jusqu’à prendre la forme d’un chantier elle-même.
Cette observation déclenche dans ma tête une petite étincelle.
L’objectif de mon programme architectural serait de mettre en œuvre un aménagement provisoire démontable ayant la capacité de suivre le chantier dans son long coulissage vers l’est. Positionné à l’interface du chantier et de l’existant, il aura pour mission de:
Remettre en cause la nature des interfaces actuelles entre le chantier et l’existant.
Limiter les nuisances (bruit, poussière, etc.)
Inciter à la préfiguration de « l’après », et même à sa prise en main, peut-être par la médiation.
Eveiller l’esprit du quartier.
Développer la présence culturelle et la transformation d’un espace urbain en espace public, voire commun.
Cet aménagement, considéré dans un premier temps dans le cadre d’une situation universelle plutôt qu’implanté dans un contexte spatial particulier, viendrait néanmoins s’incarner dans certains lieux de la Cartoucherie, à des interfaces chantier/existant de différentes natures, que ce soit dans leurs situations spatiales mais aussi temporelles.
Il aurait ainsi pour vocation de constituer un tiers-acteur, ou un «troisième habitant» accompagnant le quartier dans son évolution.

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(Macarena)


Je suis chez moi. Un monde qui s’habille en vert accueil ma maison. Un espace qui respecte l’être humain, offre toutes ses qualités pour y vivre avec bonheur. On dirait un canal connecteur du minéral et du végétal. Cet espace est vivant, je respire un air frais
provenant du grand parc Barry. J’ai envie. Je regarde au loin et je marche, mais les
traces lointaines se perdent d’une manière mystérieuse. Je veux découvrir.

Des fous de rire s’entendent depuis l’aire de jeux, dont d’ailleurs même les adultes
profitent.
Plus loin, les gens de l’administration de l’école profitent de la pause pour prendre quelques rayons de soleil sur les decks en bois, lesquelles flottaient sur l’eau à cause les grandes pluies de la semaine dernière. Le son de la guitare accompagne les
activités variées autour de ce scénario partagé.

D’un côté, mes pieds qui suivent la texture rugueuse du sol, d’autre part, mon regard qui
traverse le vide entre les deux lignes des bâtiments, jusqu’à s’arrêter dans la grande
halle, magnifique patrimoine qui se démarque par rapport aux autres.

Je continue le chemin, les ambiances changent avec mon humeur, le soleil apparait et
disparait, les couleurs passent de rouge à jaune, et la topographie m’oblige à monter et
à descendre. L’odeur des crêpes attire la femme qui passe en face. Les bruits apparaissent, c’est mieux si je suis encore plus loin.
Je m’assois, je me sens en intimité,
C’est le moment de tourner la page.


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Anne (Laurie)


Anne sort du tram et pousse un soupir. Elle regarde sa montre : 18h15. Elle a eu une journée de travail chargée et un client de dernière minute l'a retenue au boulot plus tard qu'à l'habitude. Heureusement, le retour à la maison n'est jamais bien long ni compliqué ; elle peut aussi bien prendre le bus que le tram. Elle emboîte le pas vers la boucherie qui donne sur l'avenue Grande-Bretagne à une trentaine de mètres plus loin pour y acheter le nécessaire pour le dîner. Elle apprécie grandement que le quartier de la Cartoucherie, où elle a déménagé 2 ans plus tôt, offre cette variété de petits commerces lui permettant de faire les courses quand bon lui semble étant donné leur proximité.

De retour à l'extérieur, elle emprunte un étroit passage menant au cœur de l'îlot. Pour se détendre après cette grosse journée, elle déambule tranquillement entre les jardins tout en se laissant réchauffer par les rayons de soleil qui percent entre les feuilles des arbres. Anne sourit : Elle trouve toujours aussi agréable d'emprunter cette jolie promenade enveloppée par la végétation et sur laquelle donne les balcons privés des logements. Une fois arrivée de l'autre côté de l’ilot, elle traverse la rue puis suit le cheminement qui pénètre dans la seconde cour centrale. Deux fillettes s'amusant ensemble la saluent gentiment. Bien que chacune des cours aient un caractère distinct, elle les trouve toutes aussi sympathiques et accueillantes. Elle s'y sent déjà un peu chez elle. 

Arrivée à la promenade des sports, elle remarque un petit café de l’autre côté du ravin qui semble nouvellement ouvert. Curieuse, elle s’y rend et se laisse tenter par un des multiples smoothies proposés qu’elle prend pour emporter. Sur le chemin du retour, elle salue Françoise, sa voisine, qui court avec son chien en direction du parc. Anne rentre chez elle le sourire aux lèvres : cette courte balade lui avait fait retrouver sa bonne humeur !
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Paul (Jessica)


Paul se lève le matin, un peu fatigué. C’est un lundi matin ensoleillé. Il doit vite se préparer pour aller travailler.

Il sort de son appartement, descend les marches des escaliers et abouti dans la cour intérieure de l’îlot complètement ouvert et végétalisé, cette dernière se prolongeant vers la Promenade des sports, le noyau du quartier de la Cartoucherie.

Paul se dirige vers l’un des nombreux marchés du rez-de- chaussée situés juste en-dessous de son appartement, pour aller y chercher son déjeuner pour le midi. Il connaît bien François, le propriétaire de la boulangerie. Il lui a même fait goûté une nouvelle pâtisserie qu’il a cuisinée ce matin-même !

En sortant, soudainement, Paul semble entendre quelqu’un l’appeler au loin. C’est Gilbert qui sirote un thé sur la terrasse du café situé de l’autre côté de la place publique ! Paul traverse la Promenade des sports, là où quelques étudiants se sont installés pour finir leur petit-déjeuner et parler des potins du moment.

Il rejoint Paul sur la terrasse, qui l’invite aussitôt à venir prendre un petit café avec lui. Et pourquoi pas ? Les deux amis finissent par discuter de la température, de ce qui se passe au boulot et les évènements qui se tiendront le soir même sur cette petite place publique. On dirait bien qu’une course à relais, organisée par le centre des jeunes, sera prévu pour les enfants du quartier. Paul se dit que ça serait drôle d’aller voir ça. Peut-être qu’il convaincra Marine, sa conjointe, d’y aller avec lui.
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Le programme sort de la bouche des enfants (Péroline)




Toulouse, nouveau quartier de la Cartoucherie. Mois d'avril, des jeunes pousses vertes naissent sur les branches, le temps est nuageux, mais parfois des rayons de soleil arrivent jusque terre.

Fin d'après midi, les gens vaquent, finissent les cours ou sortent du travail, vont faire des courses, rentrent chez eux ou vont au cinéma. Parmi eux, un papa est allé chercher son fils à l'école maternelle. L'enfant est curieux, il veux aller au parc à côté de l'école, la maitresse en a parlé dans la journée. Le père, patient, accepte, à condition de s'y rendre à pied. Sur le trajet, l'enfant tire la main de son père pour l'arrêter.

- « Qu'est ce qu'il y a Matéo ? » s'étonne le père.

- « Papa, c'est quoi cet endroit ? »

- « Qu'est ce que tu veux dire ? »

- « Ba … Depuis qu'on marche, il y a plein de grands immeubles, et puis d'un coup il y en a plus. »
- « On arrive à la fin du quartier où il y a ton école et là on arrive presque au parc. » explique le père
- « Ah d'accord … Mais il est où le parc ? »
- « Et bien tu vois, il y a cette place où on est, la route qui passe juste derrière, et encore après, c'est le parc. Tu comprend ? »
- « Oui, c'est plus clair maintenant. C'est à cause de cette route que j'avais pas compris ! On voit que
ça ! Pourquoi elle est là ? » demande l'enfant.
- « Il faut bien que les voitures puissent faire le tour du quartier Matéo. » répond calmement le père.
- « Et bien je trouve que c'est nul ! On peut pas aller directement dans le parc, on est obligés de faire
attention aux voitures ! C'est dangereux en plus, c'est toi qui me l'a dit ! » s'agace Matéo
- « C'est vrai, j'ai dit ça. Et c'est vrai qu'il faut faire attention. Mais regarde, il y a quand même cette place avant d'arriver à la route, tu en penses quoi ? »
- « Mmmh … Je trouve que c'est joli. Mais c'est bizarre, il y a encore une route qui passe au milieu !
On devrait la cacher avec un espèce de tunnel, ça serait rigolo ! »
- « Tu as raison, en plus ça permettrait de faire une seule grande place au lieu de deux petites. »
complète le père.
- « Mais oui ! T'as trop raison papa ! Et il y a un autre truc qui est bizarre, t'as vu, il y a quelqu'un qui a mis une barrière autour de l'herbe … Du coup, on peut pas y aller, c'est bête. »
- « C'est pour protéger les fleurs, et aussi pour pas salir. » explique le père.
- « Oui mais ça serait bien si on pouvait aller y jouer ! Il suffit de faire attention aux fleurs ! Et puis on peut pas passer comme on veut ! On pourrait faire un chemin qui traverse, avec du bois par terre, tu sais comme à la maison ! »
- « Comme la terrasse tu veux dire ? En plus petit ? » demande le père.
- « Oui c'est ça ! » s'exclame l'enfant. « Et regarde là, c'est bizarre, il y a des barreaux aux fenêtres. C'est une prison ? »
- « Ahah non, ce sont des bureaux où il y a des gens qui travaillent. Tu trouve que ça à l'air d'une
prison ? »
- « Je sais pas, un peu. Mais de dehors, ça fait pas très sympa. De notre côte, on pourrait faire
pousser des plantes, ou faire des dessins, ça serait quand même plus joli … On pourrait même faire
des minis cabanes ! » s'enthousiasme l'enfant.
- « Ma foi, oui c'est une idée. » s'amuse le père devant l'excitation de son fils.
- « Et t'as vu papa, là bas il y a des gens qui attendent devant l'immeuble ! Ils attendent quoi ? »
continue l'enfant.
- « Cet immeuble, c'est en fait une école pour devenir infirmière. » précise le père. « Et tu vois, ils ont fini l'école, comme toi, et là ils discutent avant de rentrer chez eux. »
- « Mais pourquoi ils restent plantés là ? Ils ont pas vu qu'il y a des bancs ? »
- « Ah oui, tiens. Pourquoi, à ton avis ? » questionne le père.
- « Euh … Le bancs sont trop loin peut être ? C'est vrai qu'il y a rien devant cette école, c'est nul. Ça
serait mieux si on mettait quelque chose pour que les gens se sentent plus accueillis quand ils arrivent, ou que ce soit plus agréable quand on y passe ou quand on sort … Tu vois, devant mon
école il y a des poteaux de toutes les couleurs ! Et puis ça permettrait de comprendre que c'est une
école ! Parce que là j'avais pas compris. » développe l'enfant.
- « Encore d'autres idées ! Je vais finir par les noter apprenti architecte ! » rigole le père.
- « C'est quoi un architecte ? » demande alors l'enfant.
- « Pour faire simple, c'est une personne qui réfléchit à comment on fait une maison, ou un immeuble, ou même une place comme l'endroit où on est en ce moment. »
- « D'accord ! Il a quand même des drôles d'idées, cet architecte. Parce que comme ça, c'est tout joli,
tout propre, mais t'es sûr qu'il a vraiment pensé aux gens dans tout ça ? »
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Liaisons perméables
Jade
(Léa)




La Promenade des sports est animée, habitée et accueillante. Au centre, les jardins en creux et immersibles créent un véritable îlot de fraicheur au cœur du quartier. Les petites boutiques se sont installées au fil des années aux abords de la place publique. Elle connecte avec la promenade jardinée aménagée d’une balade cyclable et piétonne.



C’est l’endroit préféré de Jade, une grande écologique qui a toujours voulue résider dans un écoquartier. Elle y passe beaucoup trop de temps. En fait, elle se méprend souvent à y observer la vie qui prend place autour d’elle. Le va-et-vient, les rencontres, la détente, l’attente, les cheminements, les balades. Elle en oublie même qu’autrefois ce lieu était froid et délaissé. Elle se perd alors dans ses pensées. Les rayons réchauffent sa peau, les rires d’enfants résonnent à ses oreilles et l’odeur du pain fraichement cuit enveloppe le lieu.

C’est une belle journée se dit-elle.
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La promenade des « arts » (Ginette)


Je me promenais dans cette vallée verte en plein cœur de la ville.
La flore du parc de Barry semblait s’être infiltrée au milieu de ces immeubles de béton, de ces bureaux, par cette artère qui conduisait la nature à travers la ville depuis le cœur vert qu’est le parc.
Cette promenade était toujours animée.
Des enfants de l’école y jouaient pendant leur récré. Certains de leurs cours de théâtre, de musique, de danse s’y déroulaient également, certains parents , quand ils étaient du quartier, venaient y assister .
Des jeunes de l’école de la santé et du quartier s’y réunissaient pour travailler, discuter, ou tout simplement prendre leur déjeuner.
C’était également l’espace préféré de pause des employés de bureau.
En début de soirée, quand le temps le permettait, c’était la scène à ciel ouvert des petits groupes locaux qui s’y représentaient devant un public assis entre les plantes.
Un public fait de passants curieux, d’employés qui en allant regagner leur voiture au parking avaient fait une halte mais surtout de résidents, qui en chemin vers leur logement, s’étaient arrêtés pour assister mais aussi retrouver leur voisins.
Les week-ends, on y chantait, on dansait, on slammait, on tenait des réunions, des débats... devant un public plus ou moins attentif, mais qui appréciait toujours ces animations autour desquelles tout le quartier se retrouvait.
Lors de la fête de la musique, on retrouvait tous les petits groupes qui, avec le temps, s’étaient formés dans le quartier et avait trouvé au sein de ce dernier leurs premiers spectateurs.

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VI(LL)E  (Rosemarie)


La ville programmée peut elle être vivante ? Est ce que la vie se planifie ?
À Toulouse, un l’éco-quartier de la Cartoucherie se construit peu à peu en suivant scrupuleusement le plan directeur établit. Ce plan prévoit précisément les emplacements des commerces, des activités, des logements… Tout est planifié à l’avance. Il n’y a aucune place laissée à l’imprévu, pas de possibilité d’accident. Ce quartier va devoir s’animer dans un carcan qui n’a pas laissé le temps à la vie de naître, à l’esprit du lieu d’émerger. Avons-nous oublié la spontanéité ? Ne sommes-nous pas en train de priver le citadin d’un pouvoir d’action sur son environnement ? De déposséder la ville de sa part de sensible, de sa capacité à nous troubler, nous émouvoir, nous dérouter ?
Aujourd’hui, les grandes émotions collectives n’ont plus lieu que lors d’attentas ou de matchs de foot. Pourtant, la ville peut être support d’évènements heureux, de joies du quotidien. Il est essentiel et urgent, pour le futur de ce quartier, de ré-injecter de l’émotion à petite échelle, de la vie, du vivre. De penser à recréer de la surprise, car la surprise produit l’émotion et l’émotion vécue à plusieurs crée du lien social et donc du vivre ensemble. La ville homogène ne correspond pas à la diversité, la pluralité de l’expérience de l’homme, la ville nécessite d’avoir en son sein des singularités et de l’aléatoire pour exister et perdurer, pour devenir un environnement sain dans lequel évoluer.
 

LES POSSIBLES

Seulement une petite partie des futurs bâtiments de La Cartoucherie est aujourd’hui achevée. Lorsqu’on s’y promène, ils est difficile de se projeter au milieu des travaux, au pied d’un immeuble neuf, les chaussures dans une flaque de boue. Il faut faire un effort impressionnant pour imaginer les enfants jouer au coeur de l’ilot, entendre leur rire, voir un couple se promener sur la sente au loin ou encore un groupe d’étudiants installé sur les bancs de la place. Lors de ce travail de projection on a encore du mal à se figurer autre chose que des rues aseptisées, toutes plus ou moins semblables au milieu d’immeubles lisses tous plus ou moins différents.
Maintenant que ce quartier de Toulouse à été valorisé par tous ces nouveaux bâtis et aménagements, ne faudrait-il pas penser à le vitaliser ? À tenir compte du fait que la vie dans un lieu vient des gens, du quotidien, des dynamiques socio-culturelles et pas uniquement de l’aménagement.
Mais comment laisser place à cette part de singularité et d’aléatoire qui ne peut être planifiée ?
L’intention est claire : faire des interventions subtiles, disséminées dans le quartier, qui se jouent des usagers en s’amusant par exemple avec les évènements climatiques, les dispositifs d’éclairages, les usages, les ambiances en général finalement.
L’idée de départ est d’utiliser les petites halles, vestiges du passé du site comme lieu employé et géré par et pour les habitants (du quartier en premier lieu, et de Toulouse par extension). Ce serait un espace public, ouvert, pouvant plus ou moins se moduler en fonction des besoins et des envies. Il serait l’épicentre, le point de départ, support de tous les évènements poétiques que nous réintroduirons dans ce jeune quartier.
L’autre est d’abandonner certains lieux aux habitants : on peut ainsi imaginer qu’un repas des voisins a lieu chaque mois dans l’un des coeur d’ilot, que l’esplanade des sports devient un lieu de construction de cabanes pour les enfants, qu’un karaoké est organisé sur la place tout les dimanches, qu’un potager mutualisé pousse au coeur de la promenade jardinée…
Ces actions permettant l’appropriation sont un exemple de tous les possibles existants pour donner vie à un lieu. C’est aussi une manière douce et peu coûteuse de lutter contre la délinquance tout en impliquant chaque usager dans une forme de respect et d’attention données au lieu. Enfin, il est évident que ces petites étincelles de vie sont en premier lieu support d’échanges et de rencontres.